Le Monde avec AFP
Publié le 08 juin 2020 à 08h48 - Mis à jour le 08 juin
2020 à 10h59
Le convoité prix du livre Inter a été attribué lundi 8
juin à la primo-romancière Anne Pauly pour Avant que j’oublie (Verdier), récit
tragi-comique plein de tendresse et d’empathie racontant la maladie et la mort
de son père.
Choisi, avec 17 voix, par le jury présidé cette année par
Philippe Lançon, le roman d’Anne Pauly a figuré dans les sélections du
Goncourt, du Femina et du Médicis. Il a été finaliste du Goncourt du premier
roman et fait partie des dix conseils de lecture pour l’été établis par
l’académie Goncourt.
Le père de la narratrice (double parfait d’Anne Pauly)
était un punk avant l’heure, un « gros déglingo », « roi misanthrope »,
unijambiste n’ayant pas sa langue dans la poche, nous raconte Anne Pauly. Mais
son livre est aussi un formidable hommage aux gens de peu, ces « invisibles »
abîmés par la vie, ignorés le plus souvent, parfois méprisés.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi « Avant
que j’oublie », d’Anne Pauly : le feuilleton littéraire de Camille Laurens
Le jour du décès et l’enterrement du père sont racontés
avec une justesse qui ravivera des souvenirs chez nombre d’endeuillés. Le
chagrin se mêle aux fous rires. Reste l’absence de celui qui fut et qui n’est
plus.
La romancière expliquait récemment que « le point
de départ du livre était la cocasserie du deuil (le curé qui raconte n’importe
quoi, le croque-mort ivre…) ». « Le deuil, c’est tellement terrible qu’on est
obligé de rire pour en sortir », soutient l’écrivaine.
Un coup de griffe au « mépris social »
Puis, à mesure de l’écriture, le livre s’est transformé « en oraison funèbre, en monument au mort » du père défunt. « Je voulais aussi régler leurs comptes aux bêtises qu’on lit dans les essais de développement personnel qui vous somment de vous dépêcher en vous expliquant qu’il faut régler un deuil ou une rupture amoureuse le plus rapidement possible », poursuit l’écrivaine. « C’est complètement absurde ! »
En dressant le portrait de son père, la romancière a
également voulu donner un coup de griffe « au mépris social » que
ses parents ont subi parce qu’« issus de nulle part » ou simplement
parce qu’ils appréciaient des chanteuses populaires comme Céline Dion.
« Je voulais me venger de ce mépris dont il a souffert et
dont j’ai souffert quand j’étais enfant.»
La romancière est passée par le master de création
littéraire de l’université Paris-VIII (animé notamment par Vincent Message –
qui était également en lice pour le prix du livre Inter – et Olivia
Rosenthal). « Depuis l’enfance j’avais la certitude de vouloir écrire
mais je ne savais pas quand et comment le faire », dit-elle. « Le
master a été un ouvroir d’écriture. » « J’ai attendu très longtemps avant de me
lancer dans l’écriture et une fois lancée (…), j’ai assumé de dire “je” », insiste-t-elle.
Le livre est cependant « un roman » car « inspiré de
faits réels mais repassés à la moulinette de l’inconscient, du langage, de la
mémoire, de l’histoire qu’on se raconte à soi-même ».
L’an dernier, le prix du livre Inter avait été décerné à
la romancière Emmanuelle Bayamack-Tam pour Arcadie (P.O.L).
Le Monde avec AFP
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